Cela fait pas mal de temps qu’installer une serrure connectée chez moi me titille, en atteste cet article datant déjà d’il y a 2 ans. En début d’année (2023 donc), j’ai été contacté par le fabricant chinois Welock qui a plus de 10 ans d’existence et déjà bien implanté sur le marché européen, notamment en Allemagne. Il m’a proposé de tester sa serrure connectée phare, la Welock Touch41. J’ai accepté sans faire d’étude comparative tout d’abord pour le plaisir de tester un nouveau gadget (à ne pas prendre au sens péjoratif du terme) mais aussi parce que ce modèle me plait en plusieurs points et que c’est de toute façon réversible (on peut évidemment l’enlever pour remettre une fermeture classique au besoin).
Les préjugés, la peur…
Avant de parler de mes motivations, j’aimerais revenir sur quelques craintes et préjugés au sujet des serrures connectées.
Ces dernières sont souvent considérées comme vulnérables aux vilains hackers (pirates informatiques). Sachez cependant que la Touch41 n’est pas connectée à Internet, tout du moins pas tant qu’elle n’est pas associée à la passerelle Wi-Fi du constructeur (j’y reviendrai plus tard dans cet article). De plus, en cas de faille critique, il y a de fortes chances que We Lock apporte un correctif via une mise à jour firmware.
En ce qui concerne la sécurité contre l’effraction, j’ai pu lire dans plusieurs reviews françaises que les serrures connectées WeLock sont certifiées « Super B » et « Bank Level ». L’information n’étant pas sur la page produit, j’ai posé la question à Welock. Par sécurité, le fabricant n’indique pas les certifications obtenues pour la Touch41 mais qu’il faut plusieurs heures avant de réussir à la forcer. Quand bien même un cambrioleur arriverait à l’arracher sans se faire griller, il lui faudrait ensuite crocheter le canon. Autant dire qu’il serait plus facile pour lui de démolir la porte dans bien des cas !
L’autonomie des serrures modernes est elle aussi souvent source d’inquiétude. Pourtant, avec de bonnes batteries, on est tranquille de longs mois. Avec 3 piles AAA (non fournies), We.Lock annonce pas moins de 8000 verrouillages/déverrouillages, soit environ 1 an d’autonomie en utilisant la serrure 10 fois par jour. De plus, en cas de défaillance des batteries, il est toujours possible d’alimenter la serrure depuis l’extérieur avec une PowerBank grâce à un port micro-USB.
La complexité peut finalement effrayer les moins geek. Pourtant, ces serrures sont de vrais produits grand public. Quiconque ayant déjà installé une application sur son smartphone saura l’utiliser sans peine. De plus, la documentation en français fournie par le WeLock est plutôt bien faite, bien que certaines traductions (automatiques?) soient hasardeuses.
Dans tous les cas de figures, avant de vous lancer dans l’installation d’une serrure connectée, vérifiez auprès de votre assurance qu’elle ne puisse pas poser de problème en cas de cambriolage, surtout sans effraction.
Une serrure connectée, pourquoi ?
En ce qui me concerne, je voulais tout simplement me débarrasser des clefs (ou tout autre accessoire « physique »), autant pour moi que pour mes enfants et leur maman.
J’aurais aussi aimé pouvoir connaitre l’état de fermeture de la porte à distance et pouvoir ouvrir ou fermer cette dernière où que je sois (notamment afin de pouvoir permettre aux livreurs de déposer un colis dans le sas puisque j’ai 2 portes à clef à franchir avant de rentrer chez moi). Malheureusement, la Touch41 n’est pas « motorisée ». C’est à dire qu’il faut une action physique pour verrouiller ou déverrouiller la serrure. Le mécanisme électronique de la serrure connectée ne va pas actionner le pêne dormant automatiquement.
Toutefois, en utilisant la box Wi-Fi Welock, il est possible de donner des autorisations ponctuelles à distance. Les personnes concernées ont juste besoin d’avoir l’application mobile avec un compte welock.
La Touch41 permet, comme toute bonne serrure connectée, d’octroyer des autorisations (révocables) sur des plages horaires définies. Si cela sert généralement aux gestionnaires de locations saisonnières comme Airbnb, c’est tout aussi pratique lorsqu’on a des travaux à réaliser chez soi. En effet, ça évite d’avoir à donner des clefs reproductibles aux ouvriers qui n’auront accès au chantier que durant les heures de travail.
Pour finir, la serrure connectée est aussi synonyme de traçabilité. En effet, toutes les actions sont enregistrées dans un journal accessible depuis l’application mobile We Lock (à distance uniquement avec la WiFiBox).
Caractéristiques techniques de la Touch41
Diamètres des poignées | extérieur 46mm / intérieur 38mm |
Longueurs des poignées | extérieur 56mm / intérieur 57mm |
Longueur du cylindre | extérieur 40mm à 55mm / intérieur 30mm à 60mm |
Matériaux | acier inoxydable avec alliage de zinc, plastique |
Poids | 600g |
Écran | OLED |
Modes de verrouillage/déverrouillage | emprunte digitale, badge RFID ou application mobile |
Autonomie | Environ 1 an avec 3 piles AAA |
Température de fonctionnement | -25°C à 60°C |
Étanchéité | IP65 (sous toit uniquement) |
Unboxing (déballage)
Welock dispose d’entrepôts en Europe. Par conséquent, en commandant directement sur leur site (souvent à tarif préférentiel), vous serez livrés en quelques jours seulement ! La boite de la serrure est sous cellophane. Une fois ce dernier retiré, on peut accéder au contenu de celle-ci en déchirant une languette type scellé qui témoigne qu’elle n’a jamais été ouverte mal intentionnellement (pour copier les QR Codes des cartes RFID par exemple).
Le packaging soigné et bien pensé rappelle un peu les emballages des produits haut de gamme comme on retrouve chez DJI, Google ou Apple. Pour retirer la planchette cartonnée qui protège la serrure, il faut presser 2 petits ronds prédécoupés dans cette dernière afin de pouvoir l’attraper plus facilement à 2 doigts.
Sous le petit carton bleu, on retrouve la notice papier en 5 exemplaires : français, italien, allemand et espagnol ! Pour un produit dit « connecté », je pense qu’un QR Code renvoyant vers la notice en ligne aurait été plus eco-friendly et pertinent.
Dans la boite, en plus de la serrure bien protégée dans du polystyrène (et des protections autocollantes transparentes), on retrouve donc :
- La serrure déjà assemblée
- 3 cartes RFID
- Une petite boite contenant :
- Un tournevis cruciforme
- Une Clé Allen
- Un « dé à coudre » (comme pour retirer la carte SIM d’un smartphone)
- Une vis pour sécuriser la trappe de la batterie + une de rechange
- Une vis de spare pour pommeau
- 2 capuchons d’étanchéité pour les vis des pommeaux
Montage de la serrure Welock Touch41
Le montage de la serrure Welock Touch41 ne demande que quelques minutes. La procédure est très bien expliquée dans le manuel papier que vous pouvez télécharger en version PDF ici.
Installation des batteries
Il faut tout d’abord installer les piles 3A (non fournies, et bien en 1,5V, les NiMH rechargeables en 1,2V peinent un peu) en retirant le cache métallique du pommeau extérieur à l’aide de la clef Allen (fournie) :
Il faut ensuite ouvrir la trappe en « accordéon » (dont la seconde partie ne peut pas s’ouvrir sans retrait du cache métallique, contrairement à la première qui permet l’accès au port USB pour l’alimentation externe) pour insérer les piles en respectant la polarité indiquée aussi bien sur la serrure que dans la notice :
Pour finaliser l’installation des piles, il ne reste plus qu’à refermer la trappe avec la vis prévue à cet effet dans la petite boite en plastique :
Démontage de l’ancienne serrure
Avant d’attasquer le démontage du cylindre d’origine (qui doit être de type européen), il faut s’assurer que la porte soit compatible avec la nouvelle serrure. Welock fournit pour cela un schéma très explicite.
Si jamais votre porte n’est pas assez épaisse, sachez qu’il existe le modèle Touch41 Mini pour les portes plus fines, ce qui n’était pas mon cas :
J’ai donc retiré les poignées afin de pouvoir enlever les 2 caches pour retirer le cylindre maintenu d’origine par une seule et unique vis dans la tranche de la porte :
Si le canon ne vient pas, il est inutile de forcer. Il faut simplement tourner la clef afin d’aligner tous les éléments du cylindre.
Installation de la nouvelle serrure Touch41
Pour installer le canon de la Touch41, il faut retirer le pommeau intérieur. Par sécurité, le pommeau extérieur n’est pas démontable. Il faut donc penser à remettre le cache extérieur avant de glisser la serrure :
Enfin, j’ai remis le cache interne et les 2 poignées :
J’ai ajusté la longueur du canon afin que les 2 pommeaux soient au plus près de la porte en suivant la documentation :
Je trouve le rendu relativement classe. Le pommeau intérieur est des plus classiques et ne choquera personne. Le pommeau extérieur reste discret bien qu’un peu imposant (d’ailleurs, mes doigts le touchent presque lorsque je baisse la poignée au maximum).
Tutoriel de montage en vidéo
Si mes explications ne sont pas claires et que la notice papier/PDF ne vous suffit pas, vous pouvez visionner cette vidéo d’installation officiel très didactique :
Finitions et impression 3D
Vous l’aurez peut-être remarqué, mais l’habillage de ma poignée laisse quelques « trous » autour du cylindre WeLock :
C’est propre à mon installation et pas forcément flagrant si l’on n’a pas le nez collez sur l’arrière des pommeaux. Cependant, j’ai souhaité faire quelque chose de plus fini. J’ai donc cherché un modèle de canon européen en 3D en espérant ne pas avoir à le modéliser moi-même puisque je suis très mauvais à cet exercice. Les mots clefs « european door lock » sur Yeggi m’ont mené à cet objet que j’ai modifié ainsi sur SketchUp en ligne :
J’ai imprimé les 2 caches en quelques minutes seulement sur mon imprimante 3D Bambu Lab P1P et voici le résultat :
Il ne me reste qu’à trouver un filament qui se fonde mieux avec l’ensemble (en terme de couleur).
Initialisation de la serrure
Pour mettre en route la serrure, il faut presser un petit bouton au fond d’un petit trou sous le cache en caoutchouc en façade, à l’aide du petit outil prévu pour :
Cette procédure de réinitialisation nécessite une emprunte digitale de type « administrateur ». Il n’y en a pas par défaut, mais les fois suivantes elle sera demandée. Ainsi, n’importe qui ne peut pas réinitialiser la serrure, heureusement !
On peut désormais configurer une emprunte administrateur (jusqu’à 3 différentes) en accédant aux paramètres (au nombre de 17) avec un appui long sur l’unique bouton « set » présent sur la serrure. La première option affichée (en anglais uniquement) dans le menu d’administration est justement l’enregistrement d’une emprunte admin. En appuyant à nouveau sur le bouton dans les 2 secondes qui suivent, on passe à l’option suivante. Le cas échéant, on active l’option en cours. Vous pouvez retrouver la liste exhaustives des réglages dans la documentation mais le plus utile c’est l’ajout ou la suppression d’empruntes et de cartes RFID.
A noter que chaque emprunte est automatiquement associée à un numéro allant de 1 à 100 (dont les 3 premiers sont réservés aux administrateurs). Même chose pour les badges RFID, allant de 1 à 20. Avec l’application Welock on peut les attribuer à des utilisateurs mais je vous conseille quand même de consigner les couples utilisateurs / IDs d’emprunte ou de cartes dans un tableau.
Guide d’utilisation de la Welock Touch41
Comme je vous le disais plus haut, on peut actionner la serrure par 3 moyens : emprunte digitale, RFID ou Bluetooth (via l’application mobile compatible Google et Apple) :
Pour économiser les batteries, la serrure Touch41 se met en veille lorsqu’elle n’est pas utilisée. Il faut donc la « réveiller » en appuyant sur le bouton « set » (sur lequel il y a d’ailleurs un petit logo on/off) afin de pouvoir ouvrir ou fermer la porte :
Tant que la serrure est en veille ou qu’aucun utilisateur n’est correctement authentifié, elle tourne dans le vide. Le lecteur d’emprunte est réactif et le verrouillage ou déverrouillage possible quasiment instantanément. Je n’ai eu que très peu d’échec de lecture d’emprunte. Quand ça arrive, un message (en anglais uniquement) est affiché sur le petit écran OLED et un bip retentit (désactivable dans les options). On peut immédiatement rescanner son emprunte (je vous conseille d’ailleurs d’en enregistrer plusieurs sur chacune de vos 2 mains). Le lecteur RFID est tout aussi réactif et encore plus fiable.
Application mobile WeLock
Pour télécharger l’application Welock (qui n’est pas obligatoire), vous pouvez scanner le QR code présent sur la poignée extérieure. Cependant, sur Android tout du moins, elle renvoie vers un APK non signé. Mieux vaut passer par le store officiel de votre smartphone pour installer l’application qu’on trouve facilement en tapant « welock » dans le moteur de recherche.
La documentation papier explique également comment utiliser l’app mobile. Même si les captures d’écran ne sont pas traduites, c’est tout à fait compréhensible :
De plus, l’application est elle aussi traduite en français (pas toujours très bien, avec des textes parfois tronqués et des fonctions inutiles selon le modèle de la serrure) et affiche un didacticiel d’utilisation lors de son premier lancement.
Une fois que vous avez créé un compte Welock (avec une adresse mail ou un numéro de téléphone comme identifiant), vous pouvez (devez) lier un périphérique :
Pour se faire, vous pouvez soit utiliser le QR Code, soit l’ID gravé le long du cylindre (que je vous conseille de le noter en lieu sûr avant montage de la serrure).
Une fois la serrure ajoutée, vous pouvez gérer les empruntes, les cartes (directement via QR Code, sans avoir à les scanner sur le pommeau de la serrure), les utilisateurs (auxquels on peut donc attribuer des numéros d’empruntes et de cartes), consulter l’historique des utilisations de la serrure et mettre à jour le firmware :
Techniquement, on peut se passer de l’application. Cependant, elle reste bien pratique, notamment pour attribuer des noms aux IDs de doigts et de cartes, même si l’ergonomie est loin d’être parfaite (options inutiles, traductions moyennes, libellés tronqués, etc.)…
Pour aller plus loin
Pour ne pas être tributaire du Bluetooth, la WiFi Box de Welock permet d’accéder à la serrure (Touch41 ou autre modèle du constructeur) depuis n’importe où dans le monde à partir du moment où on a accès à Internet.
Si la serrure était motorisée, j’aurais tenté de l’intégrer à ma solution de domotique sous Jeedom. Malheureusement, il n’existe pas encore de plugin et développer moi-même quelque chose juste pour afficher l’historique des verrouillages et déverrouillages n’aurait que peu d’intérêt.